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On objecte, au système d’une seule chambre, qu’elle est toujours exposée à des erreurs qui naissent de révolutions trop promptes. Mais il faudroit se rappeler, que lorsqu’il existe une constitution, qui circonscrit le pouvoir de la législature, & qui fonde les principes dont elle ne doit pas s’écarter, il existe un frein plus efficace, & plus puissant, que tous ceux dont on pourroit s’étayer. Par exemple, si l’on portait, dans une des législatures d’Amérique, un bill semblable à celui que le parlement d’Angleterre décréta au commencement du règne de George I, & qui consistait à prolonger la durée des sessions, le frein seroit dans la constitution. Elle dit aux législatures : Vous irez jusques-là & pas plus loin.

Mais pour réfuter l’objection que l’on fait au système d’une seule chambre, fondé sur la concurrence de ses révolutions ; pour écarter en même temps les inconséquences & souvent les absurdités que fait naître le système des deux chambres, on a proposé la méthode suivante, comme une perfection pour tous les deux.

1.o L’on n’auroit qu’une seule représentation.

2.o On diviseroit cette représentation, par le sort, en deux ou trois sections.

3.o Chaque motion seroit d’abord successivement débattue dans chacune des sections, de manière qu’elles puissent connoître leurs discussions respectives ; mais sans les mettre aux voix dans aucune. Ensuite les représentans s’assembleroient

    leur propre joug, & si quelqu’un d’entr’eux étoit poursuivi pour un libelle, on auroit beau le convaincre, il ne seroit pas puni la première fois, il ne doit exister, dans aucun pays, des loix qui portent une semblable inégalité. La loi, dit la constitution française, doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ; tous les citoyens sont égaux à ses yeux.