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bre, comme si elles formoient deux corps séparés ; on s’expose, comme on le voit par l’expérience, à soumettre la majorité au vœu de la minorité, dans plusieurs occasions, d’une manière très-inconséquente.

3.o Qu’il est absurde que deux chambres se contrôlent mutuellement, puisque dans les principes d’une représentation équitable, il est impossible de prouver que l’une ait plus de sagesse que l’autre. Leur action relative, peut s’exercer pour le mal comme pour le bien.

Ainsi, en donnant le pouvoir avec l’incertitude de donner la sagesse, & sans être certain qu’on en usera légitimement on fait des hasards & de la prudence la même chose[1].

  1. À l’égard des deux chambres qui composent le parlement d’Angleterre, l’influence qui les domine les fond réellement en une seule, & réduit la législature à n’avoir point de caractère propre. Le ministre, quel qu’il soit, & dans quelque tems que ce soit, a l’air de la toucher avec une baguette soporifique, & sa léthargie répond de son obéissance.

    Mais si nous envisageons les deux chambres, du côté de leurs talens respectifs, la différence paroît si grande, qu’elle prouve seule combien il est absurde de placer le pouvoir, où l’on n’est pas sûr de trouver assez de lumière. Quelque mauvaise que soit la représentation, dans la chambre des communes, elle paroît dans un état de vigueur & de maturité, comparée avec ce qu’on appelle la chambre des lords. Cette chambre parasite est même si peu considérée, que le peuple s’occupe rarement de ce qu’elle fait. Elle paroît d’ailleurs plus exposée aux influences dangereuses, & contraires à l’intérêt général de la nation. Lorsqu’on délibéroit sur la question d’une guerre avec la Russie ou la porte, cette mesure passa, dans la chambre des pairs, à une majorité de 90 voix, tandis que la majorité ne fut que de 63 voix dans la chambre des communes, où le nombre des votans est presque double.

    La discussion sur le bill de M. Fox, relatif aux droits des jurés, mérite aussi quelqu’attention. Les individus, nommés pairs, n’étoient point les objets de ce bill. Ils possèdent déjà plus de privilèges, qu’ils n’en accordent à d’autres. Ils forment