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Étienne, retentissent sans cesse du mot constitution. Il n’est pas surprenant qu’on y réprouve la révolution française, & qu’on s’y élève contre un systême qui place la chose publique au-dessus de tout ! Le livre rouge de l’Angleterre, comme celui de la France, donne la clef de ces énigmes[1].

Je vais maintenant, pour nous délasser, adresser un mot ou deux à M. Burke. Je lui demande pardon de l’avoir négligé si long-temps.

L’Amérique, dit-il, dans son discours sur le bill, relatif à la constitution du Canada, « ne rêva jamais à une doctrine aussi absurde que celle des droits de l’homme. »

M. Burke craint si peu de se compromettre, il entre si peu de jugement dans ses assertions, dans les données dont il s’appuie, qu’il nous épargne le travail d’une réfutation, appuyée sur les principes de la philosophie & de la politique. Bornons-nous aux conséquences naturelles de ses propositions ; le ridicule en est frappant. Par exemple :

Si, comme il l’assure, les gouvernemens ne sont pas fondés sur les droits de l’homme, & que cependant ils soient fondés sur des droits quelconques, il faut, par une conséquence nécessaire, qu’ils soient fondés sur les droits de quelque chose qui n’est pas l’homme. Quel est donc ce quelque chose là ?

Nous ne connoissons sur la terre, que l’homme & la bête ; & dans tous les cas où deux choses distinctes se présentent seules, nier l’une c’est affirmer l’autre. Ce qu’il y a de certain, c’est que M. Burke, s’élevant contre les droits de l’homme, se décide pour la bête, & qu’il prouve que le gou-

  1. Ce qu’on appelloit, en France, le livre rouge, n’étoit pas exactement la même chose que le calendrier de la cour en Angleterre ; mais il indiquoit assez la manière dont on prodiguoit une grande partie du produit des impôts.