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tatif, de former un état dont le total fut aussi énorme que les frais de cette imposture. Le gouvernement en lui-même n’est pas une institution fort coûteuse. Tous les frais du gouvernement fédératif de l’Amérique, fondé, comme je l’ai dit plus haut, sur le système représentatif, & qui embrasse une région dix fois aussi vaste que l’Angleterre, ne s’élèvent qu’à six cens mille dollars, ou cent trente-cinq mille livres sterlings.

Sans doute qu’aucun homme de sang-froid ne mettra le caractère d’aucun souverain de l’Europe en parallèle avec celui du général Washington. Cependant, en France & en Angleterre, la liste civile, allouée pour la subsistance d’un seul homme, coûte huit fois plus que tout le gouvernement fédératif d’Amérique : il paroît presqu’impossible de rendre raison de ce contraste. Le peuple d’Amérique en général, sur-tout la partie indigente, est plus en état de payer des taxes que celui de France ou d’Angleterre.

Mais le fait est que le gouvernement représentatif dissémine, dans une nation, une telle masse de lumières sur le gouvernement, qu’il bannit l’ignorance & ferme tout accès à l’imposture. L’astuce des cours est inutile, dans les pays où ce gouvernement est en vigueur. Le mystère n’y trouve point de place ; il ne peut s’acrocher nulle part. Ceux qui ne sont point membres de la représentation, en savent autant sur les affaires de l’état, que ceux qui le composent. L’affectation d’une importance mystérieuse appelleroit sur elle une sévère vigilance. Les nations ne peuvent avoir de secrets ; les secrets des cours, de même que ceux des individus, sont toujours la partie honteuse de leur conduite.

Il faut, dans le système représentatif, que les causes & les motifs de toutes les actions du gouvernement soient rendus publics. Chaque citoyen y participe