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Les Américains ont formé leur gouvernement sur la représentation basée sur la démocratie. Ils ont tracé le mode sur une échelle qui, dans toutes les hypothèses, se prête à l’extension du principe. Ce qu’Athènes étoit en miniature, l’Amérique l’est en grand. L’une étoit la merveille de l’ancien monde ; l’autre est devenue l’admiration & l’exemple du monde moderne. La forme de son gouvernement est la plus facile à comprendre, la plus avantageuse dans la pratique, elle exclue en même temps l’ignorance & l’incertitude du mode héréditaire, les inconvéniens de la démocratie pure.

Il est impossible de concevoir un système de gouvernement capable d’embrasser un territoire aussi vaste, & des intérêts aussi variés, & d’une manière aussi immédiate que le mode représentatif. La France, malgré sa population & sa grandeur, n’est qu’un point relativement à l’extension de ce système. Il s’accommode à toutes les possibilités. Il est préférable à la démocratie pure, même dans un petit territoire. Athènes l’auroit substitué avec avantage à sa démocratie.

Ce qu’on appelle gouvernement, ou plutôt, le gouvernement tel qu’il faut le concevoir, n’est autre chose qu’un centre commun, où s’unissent toutes les parties de la société, Or, on ne sauroit obtenir ce centre d’union par une méthode plus favorable aux intérêts divers de la communauté, & qui les favorise mieux que le mode représentatif. Il rassemble les connoissances nécessaires à l’avantage du tout & des parties. Il fixe le gouvernement dans un état de maturité constante. Il n’est jamais ni jeune ni vieux, comme je l’ai déjà observé. Il n’est sujet ni aux minorités, ni aux décrépitudes. Il n’est jamais au berceau, ni supporté par des béquilles. Il n’admet pas de distinction entre les lumières & la puissance, il est enfin à l’abri, autant qu’un gouvernement peut l’être, de tous les accidens qui peu-