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ple forme démocratique, telle qu’elle existoit dans les anciennes démocraties où l’on ne connoissoit pas le mode représentatif. Il n’est donc pas vrai qu’une république ne sauroit avoir beaucoup d’étendue, mais une vaste république ne sauroit admettre la simple forme de la démocratie pure ; & ceci amène naturellement la question de savoir quelle forme de gouvernement vaut le mieux pour diriger la chose publique d’une nation, lorsqu’elle est devenue trop grande & trop populeuse pour admettre la forme démocratique dans sa simplicité ?

Ce ne peut être la monarchie, car la monarchie présente les mêmes objections que la démocratie pure.

Il est possible qu’un individu conclue un assemblage de principes, d’après lesquelles il établisse un gouvernement constitutionnel pour une étendue quelconque de territoire. Je ne vois là qu’une opération de l’esprit, agissant par ses propres forces. Mais l’application de ces principes aux circonstances nombreuses & variées d’une nation, à son agriculture, à ses manufactures, à son commerce, &c. &c., exige des connoissances d’un autre genre qu’on ne peut recueillir que dans les diverses classes de la société. C’est un assemblage de connoissances pratiques, qu’aucun individu ne sauroit posséder : ainsi, dans l’application, l’insuffisance des lumières prescrit au gouvernement monarchique, des bornes aussi étroites qu’une grande population au gouvernement démocratique. Trop d’extension plonge celui-ci dans le désordre, & livre le premier aux funestes effets de l’ignorance & de l’incapacité, comme toutes les grandes monarchies en sont la preuve. Il est donc impossible de substituer la monarchie à la démocratie pure, la somme des inconvéniens étant égale pour toutes les deux.

Les inconvéniens sont encore plus considérables, quand la monarchie est héréditaire. De toutes les