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les mains d’un individu, qui l’emploie pour la chose personnelle, & non pour la chose publique.

Tout gouvernement qui n’agit point suivant le principe d’une république, ou, en d’autres formes, qui ne rend pas la chose publique, son seul & unique objet, n’est pas un bon gouvernement. Le gouvernement républicain n’est autre qu’un gouvernement établi & exercé pour l’intérêt du tout & de chacune de ses parties. Il n’est pas nécessairement lié à tel ou tel mode ; mais il se concilie naturellement avec le mode représentatif, comme le plus propre à garantir aux nations les avantages qu’elles espèrent, en échange des frais du gouvernement.

Divers gouvernemens ont affecté de se nommer républiques. La Pologne, alliage monstrueux d’une aristocratie héréditaire & d’une monarchie élective, ne craint pas de s’arroger ce nom. De même la Hollande, dont gouvernement est principalement aristocratique, est encore surchargé d’un stathoudérat héréditaire. Mais il n’existe à présent de véritable république dans son essence & dans son application, que le gouvernement des États-Unis d’Amérique, qui porte tout entier sur le systême représentatif. Son gouvernement n’a point d’autre objet que les affaires publiques de la nation, c’est une chose publique proprement dite, & les Américains ont eu soin qu’il en fût exclusivement occupé, en établissant uniquement la république sur les bases de la représentation, & en rejetant toute espèce d’hérédité.

Ceux qui ont dit que le gouvernement républicain n’est point applicable aux pays d’une grande étendue, se sont trompés en ce qu’ils ont confondu l’objet du gouvernement avec sa forme ; car la chose publique est de tous les pays quelle que soit leur étendue & leur population. En second lieu, ils n’ont entendu, sous le mot république, que la sim-