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ou qu’elles furent envahies par celles qui existoient alors. Si l’on avoit aussi bien connu à cette époque le systême représentatif qu’on le connoît de nos jours, il y a tout lieu de croire que ces modes de gouvernement, que nous appellons monarchiques ou aristocratiques, n’auroient jamais pris naissance. Ce fut le besoin d’un systême qui put consolider l’union des diverses parties de la société, lorsqu’elle fut devenue trop nombreuse & trop vaste pour la simple forme démocratique, peut-être aussi parce que des hommes amollis & isolés par la vie pastorale, furent aisément la proie de quiconque voulut les asservir, que ce mode de gouvernement put s’introduire.

Comme il est nécessaire de dissiper les erreurs dont on a chargé la théorie du gouvernement, je vais en relever quelques autres.

Une des finesses politiques des courtisans & des cours, a toujours été d’injurier ce qu’ils appellent le républicanisme ; mais ils ne cherchent jamais à définir ce qu’on a dit, ce qu’on doit entendre par ce mot. Examinons ce qu’il signifie.

Les seules formes de gouvernement sont : la démocratie, l’aristocratie, la monarchie, & ce qu’on appele maintenant le gouvernement représentatif.

Ce qu’on nomme république ce n’est point une forme particulière de gouvernement. Ce mot exprime le but, la manière ou l’objet qui nécessite l’institution du gouvernement, & ce à quoi il doit être occupé, Res publica ; les affaires publiques, le bien général, ou pour le traduire littéralement, la chose publique. C’est un mot dont l’origine est bonne, en ce qu’il rappelle la nature & les soins indispensables du gouvernement ; & dans ce sens, il est intrinsèquemment l’opposé du mot monarchie dont l’étymologie offre une signification abjecte. Elle annonce un pouvoir arbitraire dans