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vous témoignez tant de zèle, ne plaît point au seigneur ; autrement son règne seroit paisible.

Je viens maintenant à la dernière partie de votre adresse, à celle dont tout le reste semble former l’introduction. « Nous avons toujours eu pour principe, dites-vous, puisque nous sommes appelés à mettre en évidence la lumière du christ, manifestée dans nos consciences jusqu’à ce jour, qu’il appartient à dieu seul d’élever & de renverser les rois & le gouvernement, pour des raisons qui lui sont mieux connues qu’à nous autres hommes ; que nous ne devons pas nous immiscer dans ces révolutions, nous inquiéter de notre sort, & encore moins comploter la ruine des pouvoirs subsistans, mais prier pour le roi, pour la sûreté de la nation, & pour le bien de tous nos semblables ; enfin, que nous pouvons mener une vie tranquille & vertueuse sous quelque gouvernement que le ciel ait jugé à propos de nous placer. » Si réellement ce sont là vos principes, que ne vous y conformez-vous ? Que ne laissez-vous à dieu le soin de faire tout seul ce que vous prétendez n’appartenir qu’à lui ? Ces mêmes principes vous enseignent à attendre avec patience & humilité l’événement des mesures nationales, & à vous y soumettre comme à la volonté divine. Que sert votre profession de foi politique, si vous croyez ce qu’elle renferme ? vous avez prouvé en la mettant au jour, ou que vous ne croyez point ce que vous faites profession de croire, ou que vous n’avez pas assez de vertu pour pratiquer ce que vous croyez.

Les principes de quakerisme tendent directement à faire de quiconque les adopte, un sujet paisible, sous quelque gouvernement qu’il ait à vivre ; & si dieu s’est réservé la prérogative d’élever & de renverser les rois & les gouvernemens, à coup sûr il ne permet pas que nous le dépouillons