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ferte, & dont on nous a menacés, la destruction de nos propriétés par des soldats, l’invasion de notre patrie exécutée avec le fer & le feu ; & le moment où nous avons été contraints d’employer ce mode de défense, a dû nous affranchir de toute sujétion à l’égard de la grande-bretagne. L’indépendance de l’amérique a dû dater son origine & sa proclamation du premier coup de fusil tiré contre ses habitans. Cette ligne de séparation est tracée par l’équité ; ce n’est point le caprice ou l’ambition qu’il faut en accuser ; elle est le fruit d’une chaîne d’évènemens, qui ne sont point arrivés par la faute des colonies.

Je terminerai ces observations par quelques aperçus bien intentionnés & analogues aux circonstances. Nous devons réfléchir qu’il y a trois manières différentes de nous rendre indépendans, & que, tôt ou tard, l’une d’elles décidera le sort de l’amérique : le vœu légal du peuple, énoncé par le congrès, le droit des armes, une insurrection de la multitude. Or, il peut arriver que nos soldats ne soient pas toujours citoyens, & que la multitude ne soit pas composée d’hommes raisonnables. La vertu, ainsi que je l’ai remarqué plus haut, n’est point héréditaire ; elle n’est pas même constante chez les mêmes individus. Si nous devenons indépendans par le premier de ces moyens, nous avons toutes les facilités, tous les encouragemens possibles de former la constitution la plus pure & la plus noble qui ait existé sur la terre. Il ne tient qu’à nous de revenir aux premiers âges du monde. On n’a pas vu, depuis noë, de peuple dans une pareille situation. La naissance d’un nouvel univers est proche, & ce qui se passera sous peu de mois réglera la portion de liberté que doit attendre une race d’hommes, peut-être aussi nombreuse que toute la population de l’europe. Quelle imposante réflexion ! Et sous