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marcation entre les soldats anglais faits prisonniers en combattant, & les américains armés contre nous. Les premiers sont de simples prisonniers, les autres sont des traîtres. Les uns n’ont perdu que leur liberté ; la tête des autres est dévolue aux bourreaux.

En dépit de notre prudence, quelques-unes de nos mesures sont infiniment entachées d’une foiblesse qui encourage les dissensions. L’alliance des colonies est trop peu solide ; si nous ne faisons pas quelque tentative pendant qu’il en est encore tems, avant peu il sera trop tard pour en faire d’aucune espèce, & nous tomberons dans un état, où les projets de réconciliation & d’indépendance seront également impraticables. L’administration & ses vils adhérens sont retournés à leurs anciens artifices, qui consistoient à diviser les colonies, & nous ne manquons pas d’imprimeurs empressés de répandre des faussetés spécieuses. La lettre hypocrite & pleine d’art, qui parut, il y a quelques mois, dans deux papiers de new-york, & que d’autres copièrent, prouve démonstrativement qu’il y a des hommes dépourvus soit de jugement, soit de probité.

Il est aisé de parler de réconciliation, dans les écrits & dans les journaux ; mais les apologistes de cette mesure considèrent-ils sérieusement les difficultés qu’elle entraîne, & les dangers dont elle nous menace, si les opinions des colonies sont partagées ? Leur coup-d’œil embrasse-t-il les différentes classes d’hommes dont elle compromet les intérêts, & la situation aussi bien que la leur ? Se mettent-ils à la place de l’infortuné qui a déjà tout perdu, & du soldat qui a tout quitté pour défendre sa patrie ? Si leur modération mal entendue n’est accommodée qu’à leur position particulière, sans égard pour celle d’autrui, l’événement les convaincra qu’ils auront compté sans leur hôte.

Mettez-nous, disent-ils, sur le pied où nous