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des choses que, sous très-peu d’années, on regardera comme un enfantillage & une folie. Cela peut avoir été bon autrefois ; mais le temps est venu où il est à propos que cela finisse.

Il est tout simple que des royaumes prennent sous leur protection des îles de peu d’étendue, incapables de se protéger elles-mêmes ; mais il y a de l’absurdité à supposer un continent toujours gouverné par une île. La nature n’a point fait de satellites plus gros que leur planète ; & puisque l’une à l’égard de l’autre, l’angleterre & l’amérique renversent l’ordre commun des choses, il est évident qu’elles appartiennent à des systêmes différens ; la première à l’europe, l’amérique à elle-même.

Ce n’est point l’orgueil, la rage des partis ou le ressentiment qui me font embrasser la doctrine de la scission & de l’indépendance. Je suis clairement & positivement persuadé, je le suis dans mon for intérieur, que le véritable intérêt de l’amérique consiste à ne plus dépendre de la grande-bretagne ; que tout arrangement où celui-là n’entre pas est un pur assemblage de pièces de rapport, qu’il ne sauroit produire une félicité durable, que par-là nous laisserions la guerre à nos enfans, que ce seroit reculer au moment où soit un peu plus, soit un peu moins de hardiesse, auroit fait de ce continent l’orgueil du monde.

L’angleterre n’ayant point fait d’avances pour une réconciliation, nous pouvons être certains de n’en pas obtenir des conditions dignes d’être acceptées, ou qui nous dédommagent, de quelque manière que ce soit, du sang & des trésors que nous avons déjà prodigués.

L’objet d’une demande doit toujours être proportionné aux dépenses que l’on a faites pour l’obtenir. La disgrâce de north ou de toute sa ligue infernale n’est pas un succès assez glorieux pour nous con-