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me servir d’une excellente remarque de milton, jamais il ne peut se former de raccommodemens véritables, où la haîne a fait de si profondes blessures.

Toutes les mesures tranquilles pour amener la paix ont été sans effet. On a rejeté nos prières avec dédain ; elles n’ont servi qu’à nous convaincre que rien ne flatte la vanité des rois, on ne les confirme dans leur obstination, comme des supplications répétées ; en effet, n’est-ce pas là ce qui a le plus contribué à rendre les souverains de l’europe absolus ? Le dannemark & la suède en sont des exemples frappans. Ainsi, puisqu’il n’y a rien à espérer que des armes, pour dieu ! embrassons le parti d’une séparation décisive, ne laissons point à nos enfans le triste emploi de tuer, avec l’insignifiant héritage d’une alliance naturelle, que leurs pères auront violée.

Il faut être visionnaire pour dire que la grande-bretagne ne renouvellera point ses injures. Nous le crûmes lorsqu’elle retira l’acte du timbre ; mais un an ou deux suffirent pour nous désabuser. J’aimerois autant supposer que des nations, pour avoir été vaincues une fois, ne reprendront jamais les armes.

Quant aux opérations du gouvernement, il n’est pas au pouvoir de l’angleterre de traiter l’amérique comme nos intérêts l’exigent. Avant peu nos affaires seront trop importantes & trop compliquées, pour qu’une autorité placée si loin de nous, & qui nous connoît si peu, les régisse convenablement. Il est aussi impossible à l’angleterre de nous gouverner que de nous conquérir. Avoir toujours deux ou trois mille lieues à faire pour un rapport ou une pétition, attendre quatre ou cinq mois la réponse, avoir besoin, quand on l’a reçue, de cinq ou six autres mois pour l’expliquer, ce sont