& l’amour de la domination, l’auroient engagée de même à protéger la turquie.
Hélas ! nous fûmes long-temps égarés par d’anciens préjugés ; nous avons fait d’amples sacrifices à la superstition. Nous nous sommes vantés de la protection de la grande-bretagne, sans prendre garde que l’intérêt & non l’attachement dirigeoit sa conduite ; que, si elle nous protégeoit contre des ennemis, ce n’étoit ni contre les nôtres, ni à cause de nous, mais contre ses propres ennemis, & à cause d’elle-même, contre ceux qui n’étoient en querelle avec nous que par rapport à elle, & qui seront toujours nos ennemis sous le même point-de-vue. Que l’angleterre renonce à ses prétentions sur le continent, ou que celui-ci s’affranchisse de sa dépendance, nous serons en paix avec la france & l’espagne, lors même que ces puissances seront en guerre avec elle. Les malheurs de la dernière guerre de hanovre, doivent nous mettre en garde contre le danger des liaisons.
Quelqu’un s’est permis naguère d’assurer, en plein parlement, que les colonies n’ont entr’elles de relation que par l’entremise de la métropole, c’est-à-dire, que la pensylvanie & les jerseys, & ainsi des autres, ne se tiennent que parce qu’elles sont également des colonies anglaises. Voilà à coup sûr une manière fort détournée de prouver une connexion aussi prochaine ; mais c’est au moins la manière la plus simple & la seule incontestable de prouver à quels ennemis on doit s’attendre. La france & l’espagne n’ont jamais été, & peut-être ne seront jamais nos ennemis, en tant que nous sommes américains, mais en tant que nous sommes sujets de la grande-bretagne.
Mais on insiste, on dit que la grande-bretagne est notre mère-patrie ; eh bien ! sa conduite n’en est que plus infâme ; les brutes elles-mêmes ne pous-