funeste & aussi inhumain, les générations futures ne se rappelleroient qu’avec horreur les noms de leurs ancêtres.
Jamais le soleil n’éclaira une cause plus importante. Ce n’est pas l’affaire d’une ville, d’un comté, d’une province ou d’un royaume ; c’est celle d’un continent, d’un huitième, pour le moins, de la terre habitable. Ce n’est pas l’intérêt d’un jour, d’une année ou d’un siècle ; la postérité est virtuellement impliquée dans ce débat, & sentira plus ou moins le contre-coup des opinions actuelles jusqu’à la fin des âges. Nous sommes au moment où l’union, la bonne foi, l’honneur des peuples du continent de l’Amérique doivent jeter leurs éternelles semences. La moindre atteinte qui leur sera portée ressemblera aux traits indélébiles que laisse un nom gravé sur l’écorce d’un jeune chêne avec la pointe d’une épingle : l’incision croîtra avec l’arbre, & la postérité lira en caractères d’une grosseur frappante, le nom qu’il fut chargé de lui transmettre.
En mettant la guerre à la place du raisonnement, on a ouvert une nouvelle arène à la politique, on a donné naissance à une nouvelle façon de penser. Tous les plans, toutes les propositions, etc., antérieurs au dix-neuf avril, c’est-à-dire, au commencement des hostilités, sont comme les almanachs de l’an passé, qui, bons dans leur tems, sont inutiles aujourd’hui.
Tous les argumens employés par les avocats de l’un & de l’autre parti n’avoient pour terme qu’un seul & même point, savoir, l’union de l’Amérique avec la mère-patrie. Ils ne différoient que dans la manière d’effectuer cette union, les uns proposant d’y envoyer la force, & les autres d’avoir recours aux voies amicales ; mais il est arrivé que la première n’a pas eu de succès, & que les autres ont cessé d’exercer leur influence.