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sir pour eux mêmes, & sans avantage pour les nations qu’ils gouvernent, ils passent derrière le rideau, & laissent leurs successeurs imiter leur indolence. Dans les monarchies absolues, tout le poids des affaires civiles & militaires porte sur la personne du roi ; les enfans d’Israël, en demandant un roi, donnoient pour raison qu’il les jugeroit, qu’il marcheroit à leur tête, & qu’il combattroit leurs ennemis. Mais dans les pays où il n’est ni juge, ni général, on est embarassé de savoir quel est son emploi.

Plus un gouvernement approche de la forme républicaine, moins il offre d’occupation pour un roi. On ne laisse pas que d’être embarassé lorsqu’il sagit de trouver un nom pour le gouvernement de l’Angleterre : Sir William Meridith l’appelle une république ; mais dans son état actuel il est indigne de son nom, parce que le roi pouvant disposer de toutes les places a tellement, au moyen de son influence corruptrice, accaparé l’autorité toute entière, & détruit la vertu de la chambre des communes, seule partie républicaine de notre constitution, que le gouvernement d’Angleterre est, à peu de chose près, aussi monarchique que celui de la France ou de l’Espagne. Les hommes adoptent des noms sans les comprendre ; car c’est de la partie républicaine de leur constitution que les anglais tirent vanité & non de sa partie monarchique : ils se glorifient du droit de choisir dans leur sein une chambre des communes ; or, il est aisé de voir que l’on est esclave par-tout où la vertu républicaine cesse d’être en vigueur. Pourquoi la constitution de l’Angleterre est-elle maladive, si ce n’est parce que la monarchie a empoisonné la république, parce que la couronne s’est emparée des communes ?

Le roi d’Angleterre n’a presque d’autre fonction, pour ainsi dire, que de faire la guerre & de dis-