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embarrassent, ou, comme on dit, répriment la rapidité de son mouvement, aussi long-temps qu’ils ne peuvent l’arrêter, leurs efforts sont infructueux : le ressort principal aura enfin le dessus, & le temps le dédommagera de ce qu’il aura perdu quant à la célérité.

Il n’est pas besoin d’énoncer que la couronne est, dans la constitution anglaise, ce pouvoir prédominant ; un autre fait qui saute aux yeux, c’est que tout son ascendant lui vient de la distribution des pensions & des places. Ainsi, quoique nous ayons eu la prudence de fermer une porte à la monarchie absolue, nous avons eu en même-temps la simplicité d’en donner la clef au pouvoir exécutif.

L’orgueil national a autant ou même plus de part que la raison au préjugé des anglais en faveur de leur gouvernement, composé de rois, de lords & de communes. Véritablement la sûreté individuelle existe en angleterre plus que dans quelques autres pays ; mais la volonté royale y forme la loi tout comme en france[1]. La seule différence, c’est qu’au lieu de sortir directement de sa bouche, elle est transmise au peuple sous la forme plus imposante d’un acte du parlement. Le sort de charles premier a rendu les rois plus rusés, mais il ne les a pas rendus plus justes.

Laissant donc de côté tout orgueil national & tout préjugé en faveur des modes & des formes, il est de vérité constante que, si la couronne n’est pas oppressive comme en turquie, nous sommes redevables de cet avantage à la constitution du peuple, & non à celle du gouvernement.

À l’époque où nous sommes, il est infiniment nécessaire de rechercher les erreurs constitution-

  1. M. payne écrivoit ceci long-temps avant notre glorieuse révolution. Note du trad.