qu’elle en a besoin. Les yeux fixés sur cet axiome ; je vais hasarder quelques remarques sur la constitution si vantée de la grande-bretagne. J’avoue que c’étoit une noble entreprise pour les siècles de ténèbres & d’esclavage où elle fut formée. Quand l’univers étoit courbe sous le joug de la tyrannie, il y avoit une audace généreuse à diminuer quelque peu son autorité. Mais il est aisé de démontrer que cette constitution est imparfaite, exposée à des convulsions terribles, & incapable de tenir ce qu’elle semble promettre.
Les gouvernemens absolus, quoiqu’ils soient l’opprobre de la nature humaine, ont au moins l’avantage de la simplicité. Si le peuple souffre, il sait d’où vient son infortune ; il en connoît aussi le remède, & n’a point devant lui, pour s’égarer, un dédale effrayant de causes toujours actives, & d’améliorations toujours illusoires. Mais la constitution anglaise est si excessivement compliquée, que la nation peut souffrir pendant une longue suite d’années, sans être à portée de découvrir où gît le mal. Ceux-ci prétendent le voir dans telle partie de la constitution, ceux-là dans telle autre ; & autant il se rencontre de médecins politiques, autant de divers antidotes nous sont présentés.
Je sais qu’il est difficile de vaincre des préjugés locaux ou enracinés depuis long-temps. Si toutefois nous osons nous permettre d’examiner la constitution anglaise dans ses parties intégrantes, nous n’y verrons que les méprisables restes de deux tyrannies anciennes, récemment combinés avec quelques matériaux de républicanisme.
Elle offre, en premier lieu, les restes de la tyrannie monarchique dans la personne du roi.
Secondement, les restes de la tyrannie aristocratique dans la personne des pairs.