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avoit été enlevé par la violence pouvoit être légitimement pris une seconde fois ; un second brigand déposséda le premier. Successivement ils s’emparèrent des souverainetés qu’ils s’étoient eux-mêmes assignées, & la barbarie avec laquelle ils se traitaient entr’eux, montre le caractère primitif de la monarchie ; un scélérat torturant un autre scélérat. Le conquérant voyant dans l’homme soumis, non un prisonnier, mais une propriété ; il le traînoit dans son triomphe chargé de chaînes & le condamnoit par caprice à la mort ou à l’esclavage. Lorsque le temps eut effacé la mémoire de cette origine, les successeurs prirent une forme nouvelle, mais leurs principes & leur but restèrent les mêmes. Ce qui étoit pillage, ils l’admirent sous le nom modéré d’impôt, & leur pouvoir usurpé dans l’origine devint un droit héréditaire.

Que peut-on attendre d’une telle origine de gouvernemens ? Un systême continuel de guerre & d’extorsion. Il s’est établi en trafic. Ce vice n’est pas d’un seul gouvernement, mais le principe commun de tous. Il ne peut exister dans de pareils gouvernemens aucun germe de réforme, le remède le plus efficace est de recommencer l’ouvrage.

Quelles scènes d’horreur, quels rafinemens d’iniquité se présentent d’eux-mêmes dans la contemplation du caractère & dans l’histoire de pareils gouvernemens. Si nous voulions peindre la nature humaine avec une telle bassesse de cœur & une telle hypocrisie qu’on fût forcé d’en reculer d’horreur, que l’humanité la désavouera ; c’est d’après vous, rois courtisans, diplomates, qu’il faudroit tracer ce portrait. L’homme tel qu’il est avec tous les vices qu’il tient de la nature, n’est pas au niveau de ce caractère.

Peut-on supposer que si les gouvernemens avoient été formés dès leur origine sur des principes, &