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fin, ils le provoqueront certainement, par les moyens qu’ils auront en leur pouvoir.

Quelqu’un, aujourd’hui que les impôts sont si excessifs & tombent si horriblement sur le pauvre, dira-t-il que la remise de cinq livres sterlings, par an, d’impositions faite à cent quatre mille familles pauvres, n’est pas une bonne chose ? Dira-t-il que la remise de sept livres sterlings par an, à cent mille autres pauvres familles. De huit livres sterlings, par an, à un mille autres & de dix livres sterlings, par an, à cinquante mille autres familles pauvres qui restent sans chefs, dira-t-il que ce ne sont pas de bonnes choses ? Et pour avancer un degré de plus dans cette progression, dira-t-il que pourvoir aux malheurs qui affligent la vie, assurer six livres sterlings, par an, à tous les indigens, à toutes les personnes de cinquante jusqu’à soixante ans tombés dans l’infortune, & de six livres sterlings, par an, à celles qui ont passé soixante ans, dira-t-il que ce ne soit pas une bonne chose.

Quelqu’un dira-t-il que l’abolition de deux millions de la taxe des pauvres, avantage accordé aux propriétaires de maisons ; l’abolition entière de celle sur la lumière, c’est-à-dire, sur les fenêtres ; l’abolition de la taxe de remplacement ; dira-t-il que tout cela ne soit pas une bonne chose ? Ou bien soutiendra-t-il qu’abolir la corruption n’est pas une bonne chose ?

Il s’ensuit, que si le bien qui est à acquérir, vaut une révolution passive, rationelle & sans frais, ce seroit une bien mauvaise politique de préférer d’attendre quelque malheur public qui forçât d’en faire une plus violente. Je ne puis croire, en considérant l’esprit de réforme, qui se répand dans toute l’europe, que l’angleterre veuille être la dernière. Il est absurde d’attendre les troubles & les désordres, pour faire des changemens, quand l’occasion de les opérer avec aisance & tranquillité,