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nombreux, parce que le gouvernement est juste ; & comme il n’y existe aucune cause de misère, il n’existe aucun germe de révolte.

Un homme métaphysique tel que burke, a torturé son imagination pour découvrir jusqu’à quel point le peuple peut être gouverné. Il a supposé que quelques-uns devaient être conduits par la fraude, d’autres par la force, quelques-uns par des invitations particulières, que le génie doit être même à ses gages pour en imposer à l’ignorance & fasciner les yeux de la multitude. Perdu dans l’abondance de ses recherches, à force de résoudre & de résoudre encore ce qu’il a résolu, il finit par se détourner de la route facile qui s’ouvroit devant lui.

La révolution américaine, par un avantage inappréciable, nous conduit à la découverte des principes, & met en évidence les devoirs des gouvernemens. Toutes les révolutions, jusqu’à la révolution d’amérique, avoient été faites dans l’atmosphère des cours, & loin du niveau national. Les chefs de parti étaient toujours de la classe des courtisans, & dans leur rage de réforme ils conservoient l’astuce de leur état.

Toujours ils représentoient le gouvernement comme un composé de mistères dont eux seuls avoient la clef, & ils écartoient de l’entendement de la nation la seule chose qu’il lui étoit utile de savoir, que le gouvernement n’est qu’une association nationale, agissant d’après les principes de la société.

Ayant montré ce que l’état social & civil de l’homme peut produire par lui-même, indépendamment de tout gouvernement, il est nécessaire de jetter un coup-d’œil sur les anciens gouvernemens, pour examiner jusqu’à quel point leurs principes & leurs actes correspondent avec cet état social.