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par le moyen de sessions de trimestre, des jurés & des assises, administration qui dans le fait la comporte presque toute, & que la nation gère par elle-même) est moins onéreuse au trésor public que dans les états-unis.

Il est temps que les nations jouissent des privilèges de la raison, & qu’elles ne soient pas gouvernées comme les animaux, pour le plaisir de ceux qui les mènent enchaînés : en lisant l’histoire des lois, on seroit presque tenté de supposer que le gouvernement consiste à chasser la grosse bête, & que chaque nation payoit un million par an à un chasseur privilégié. Soit honte, soit orgueil, l’homme doit rougir d’être dupé à ce point, ce qui arrivera dès que sa dignité lui sera mieux connue. Dans les sujets de cette nature, il passe souvent dans l’esprit une foule d’idées que l’on n’a pas encore l’habitude d’entretenir & de communiquer. Retenu par quelque chose qui prend le masque de la prudence, il agit en hypocrite avec soi-même comme avec les autres. C’est poutant un spectacle curieux, d’observer avec quelle promptitude cette illusion peut être dissipée, une seule expression hardie proférée avec l’énergie convenable rappellera quelquefois toute une assemblée, aux sentimens qu’elle doit éprouver, & la même influence a lieu pour des nations entières.

À l’égard des emplois dont le gouvernement civil sera composé, peu importe sous quels noms on les désigne. Dans la routine des affaires, qu’un homme ait le titre de président, de roi, d’empereur, de sénateur ou, tel autre qu’il plaira de choisir, il est impossible que ses fonctions méritent de la part d’une nation plus de dix mille livres sterling par an ; & comme on ne doit payer personne au de-là de ses services, un homme d’honneur se gardera bien d’accepter plus qu’il ne mérite. On ne