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dans l’intervalle. Il auroit été impossible de contraindre, à main armée, les anglais de l’ancien tems à payer la somme exorbitante que payent ceux d’aujourd’hui ; & lorsqu’on réfléchit que la solde de l’armée, celle de la marine & les appointemens de toutes les personnes chargées de la perception, n’ont pas varié depuis cent ans, époque où les taxes ne s’élevoient pas à la dixième partie de leur produit actuel, on ne peut s’empêcher de mettre cet énorme accroissement, sur le compte de l’extravagance, de la corruption & de l’intrigue[1]

  1. Plusieurs papiers-nouvelles vendus à la liste civile ont fait mention, en dernier lieu, de watiler. Il n’est pas surprenant que sa mémoire soit outragée par les sycophantes de cour, & par tous ceux qui vivent de la dépouille du peuple ; mais cet homme si mal apprécié servit à réprimer l’injustice & la cupidité des créateurs d’impôts, & la nation fut très-redevable à son courage. Voici son histoire en peu de mots : Du vivant de richard II, on percevoit une capitation d’un schelling par tête, sur tous les individus de la nation, petits ou grands, pauvres ou riches, dès qu’ils avoient passé 15 ans. Si la loi favorisoit quelqu’un, c’étoit plutôt le riche que le pauvre ; car un maître de maison ne pouvoit être imposé à plus de ving schellings pour lui, sa famille & ses domestiques, quel que fut le nombre des gens qu’il avoit chez lui, tandis que les familles, au-dessous de vingt personnes, étaient imposées par tête ; Les capitations avoient toujours été odieuses ; mais celle-ci étant de plus vexatoire & injuste, elle excita, comme cela devoit naturellement arriver, l’horreur universelle des classes moyennes & indigentes. Le particulier, connu sous le nom de wattyler, dont le nom propre étoit witer, & qui étoit couvreur (en anglais tyler) de son métier, demeuroit à deptfort. Le receveur de la capitation étant entré chez lui, demanda la taxe d’une de ses filles ; tyler déclara qu’elle n’avoit pas encore quinze ans. Le receveur voulut s’en assurer par lui-même, & commença un examen indécent à cette vue ; le père, transporté de fureur, le frappa d’un marteau, qui le renversa sur le plancher.
    Cette catastrophe fit éclater le mécontentement général. Les habitans du voisinage épousèrent la cause de tyler. En peu de jours, suivant quelques historiens, il fut joint par plus de