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avait cessé, dévorait de nouveau maintes victimes. — Un repas ne s’achetait qu’au prix du sang, et chacun, assis à l’écart, se rassasiait dans les ténèbres avec une morne gloutonnerie. Il n’y avait plus d’amour : la terre entière n’avait plus qu’une pensée, — et c’était la pensée de la mort, de la mort sans délai et sans gloire. Les angoisses de la famine dévoraient toutes les entrailles ; — Les hommes mouraient ; et leurs ossements n’avaient pas de tombeaux ; ceux qui restaient encore, faibles et amaigris, se mangeaient les uns les autres ; les chiens eux-mêmes attaquaient leurs maîtres, hormis pourtant un seul qui veillait près d’un cadavre, et tenait à distance les animaux et les hommes affamés, jusqu’à ce qu’ils tombassent d’inanition, et qu’au bruit de la chute d’un nouveau mort, ils courussent déchirer de leurs mâchoires décharnées les chairs encore palpitantes : quant à ce chien fidèle, il ne cherchait