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UTOPIES.

Moment de douce paix et d’ineffablecharme !
Laisse-moi, laisse-moi, Muse ! au bord de la nuit
Une étoile d’argent tremble commeune larme ;
L’homme passe ici-bas et la douleur le suit.

LA MUSE.
Oui, l’homme, contre la souffrance,
Passant, sur cette terre à lui-mêmeinconnu,
N’a qu’un haillon brillant, qu’il appelleEspérance,
Pour couvrir son corps faible et nu ;
Oui, les nuits sont pleinesde larmes,
Lesjours pleins de mortels ennuis ;
Viens, ami, dans mes bras tu trouveras des armes
Contre l’ennui desjours et la douleur des nuits.

LE POËTE.
O sirène charmeuse ! ô Muse !
Séduisanteet perfide voix,
Qui, cruelle et douce à la fois,
A la fois m’enchante et m’abuse,
Où sont les voyageursde tes accents épris ?
Combien, pour t’avoir voulu croire,
Gisent ignorés et sans gloire
Dansles abîmesdu mépris !