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avril.


Et la rose indolente heureuse d’être belle
Mêle aux pourpres du jour les nacres de la nuit,
Et son amant ailé, brillant et beau comme elle,
Se penche sur son cœur, dit : « Je t’aime ! » et s’enfuit.

Et la brise mutine au travers de l’espace
Sème en pollen doré les baisers du glaïeul,
Le vieux mur rajeuni fleurit quand elle passe
Comme, en voyant passer l’enfant, sourit l’aïeul. »

Et tu pleurais, pensant que l’homme seul promène,
Chargé de son néant et de ses vanités,
Le haillon de Nessus de la misère humaine
À travers cette vie et ses sérénités.

Ah ! bénis bien plutôt la souffrance féconde.
Dieu, qui nous la donna, nous a voulu hausser.
C’est la douleur, ami, qui sauvera le monde :
La nature doit vivre et l’homme doit penser.