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l’immortelle.


Tant qu’il ressentira sans la pouvoir décrire
L’inquiète fureur de l’inapaisement ;
Qu’une larme sera le plus beau diamant
Du misérable écrin que l’on nomme un sourire ;

Tant qu’il revêtira son rêve le plus cher,
Son désir le plus pur, sa plus douce pensée,
De la plus belle forme et la plus caressée,
Comme on aime à vêtir les enfants de sa chair ;

Tant qu’il appellera du haut de sa souffrance
L’invisible inconnu qui ne veut pas venir,
Que, lassé du présent, il aura l’espérance,
Comme, las de l’espoir, il a le souvenir ;

Qu’il n’aura pas brisé l’étau de ce dilemme
Dont les tenailles sont la douleur et l’amour,
Qu’en son âme anxieuse il dira tour à tour :
« Je souffre, donc je doute, et je crois, puisque j’aime : »