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l’immortelle.


Toi qui lui dis tout haut ce qu’il se dit tout bas,
Le souffle qui le pousse et l’ombre qui le leurre,
Et tout ce qui se rêve et tout ce qui se pleure,
Et tout ce qui se chante et ne se parle pas.

Harmonieux écho de l’âme de la terre,
L’univers t’appartient par le rhythme et le son :
La fleur par son parfum, l’oiseau par sa chanson,
L’homme par la souffrance et Dieu par le mystère.

Et comme il est sans fin, tu ne peux pas finir.
Et toi, science aride et froide qui nous mène,
Crois-tu suffire seule à l’espérance humaine,
Que l’on voit ton présent nier son avenir ?

En quoi tes visions valent-elles ses songes ?
Vous cherchez le chemin ; qui des deux a raison
De le chercher à terre ou bien à l’horizon ?
Quels droits ont tes erreurs à railler ses mensonges ?