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histoires tristes.

Toutes ces majestés lui donnaient la torture,
Et, si l’on eût voulu, je crois qu’encore un peu,
N’eût-il pas fait le vol, il en eût fait l’aveu.


Après tout, s’il errait, tant pis ! c’était sa faute !
Le juge, grave et sec, tranchant, la tête haute,
Sans hésitations, sans doutes, convaincu,
Du pouce et de l’index étreignait ce vaincu :
« Oui ? Non ? Très-bien ! Assez ! » Son allure était prompte,
Il ne le jugeait pas, il lui réglait son compte.
Était-il le coupable ou ne l’était-il pas ?
Voilà ! tergiverser, ce n’était pas le cas.
Vous imaginez-vous un interrogatoire
Où l’on serait admis à conter son histoire ?
Mais d’ailleurs si c’était un de ces ronge-faim
Qui vivent d’un hélas, et meurent d’un enfin ;
S’il n’avait jamais eu, dans son sort peu prospère,
Pour mère que la honte et le vice pour père,
Et dans ce qu’il avait peut-être fait de mal
Pour combien était l’homme et combien l’animal,
Pour combien la misère et combien l’ignorance ;
S’il saurait seulement épeler sa sentence ;