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eudore.


Songeurs, qui méditez la tête dans vos mains,
Poëtes, qui saignez à courir les chemins
Pour saisir et tenir dans le rhythme embrassée
L’insaisissable enfant qu’on nomme la Pensée ;

Éternels mécontents nés pour jeter à bas
Ces autels du Passé que le Présent décore,
Vous qui doutez de tout et ne vous doutez pas
Que, par bonheur pour nous, douter c’est croire encore ;

Blonds chasseurs d’inconnu ! fureteurs d’avenir !
Troupe inquiète, avide et du vrai possédée,
À qui l’espoir promet plus qu’il ne peut tenir,
Lovelaces du Bien, libertins de l’Idée !

Pour qui toute formule est comme une prison ;
Qui voulez follement et qui pouvez de même,
Et qui ne savez pas encor, — je vous en aime, —
De quels raisonnements est faite la raison :