Page:Pailleron - Amours et Haines, 1869.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
octobre.

Nous avions pourtant fait ce chemin bien des fois,
Mais c’étaient d’autres champs et c’étaient d’autres bois,
Et nous découvrions l’automne.

L’automne ! le printemps empourpré de l’hiver,
Tumultueux, sanglant, incendié, moins vert,
Mais plus ardent, mais plein de fièvres :
Le sein roux de la vigne était gonflé de vin,
Les oiseaux se cherchaient ; dans le fond du ravin,
L’eau faisait comme un bruit de lèvres.

Les lilas amoureux tâchaient de refleurir,
Et l’astre, s’épuisant avant que de mourir,
Faisait vibrer toutes ces choses,
Et la nature en feu portait son deuil vermeil
En veuve de soleil, mais qu’un autre soleil
Épousera, — viennent les roses !

Oh ! toutes ces chansons et toutes ces couleurs !
Les chênes, ce jour-là, ressemblaient à des fleurs,