amis du monde, lorsqu’il lui eut proposé de jouer à qui mangerait le plus de cerises.
« Si vous voulez, j’en ferai apporter encore, ou nous irons nous-même en cueillir. »
Il prit l’assiette, y plaça les poupées de Sonia, qui courait derrière nous en le tirant par les pans de sa jaquette, et nous nous dirigeâmes vers le verger.
« Eh bien, n’êtes-vous pas une vraie violette ? » fit-il toujours à voix basse, quoiqu’il n’y eût plus personne autour de nous à réveiller ; « dès que je vous ai approchée, après la fatigue, la chaleur et la poussière, j’ai senti un parfum délicieux » et non pas celui de la violette d’été, mais de celle qui sent encore la neige de l’herbe printanière.
— Qu’y a-t-il de nouveau chez vous ? » demandai-je afin de dissimuler la joyeuse émotion que me causaient ses paroles.
« Tout va fort bien ! ce sont de braves gens que nos paysans ; plus on les connaît, plus on les aime.
— C’est vrai ; avant que vous vinssiez je regardais les glaneurs, et j’étais presque honteuse de les voir travailler si durement, tandis que moi je ne faisais rien…
— Il ne faut pas parler à la légère d’un tel sujet, interrompit-il sévèrement C’est presque un sacrilège.
— Mais je vous dis ce que je pense.
— Oui, je le sais. Mais…, les cerises ? où sont-elles ? »
Le verger était fermé, les jardiniers étaient absents. Sonia courut chercher la clef, mais dans son impatience il grimpa sur le mur et sauta dans l’intérieur.
« Faites passer l’assiette, me cria-t-il.
— Non, je veux en cueillir moi-même, je vais aller