— Alors vous êtes une méchante demoiselle, qui ne vit que lorsqu’on la caresse, et quand elle reste seule la voilà comme morte, et plus rien ne lui est agréable ! Tout pour soi-même et rien pour les autres ! C’est bien mal !… dit-il, demi-sérieux, demi-riant.
— Vous avez une bonne opinion de moi, répliquai-je pour dire quelque chose.
— Non ! reprit-il après un silence. Vous ressemblez à votre père, et en vous certes il y a quelque chose » ; et le bon regard de ses yeux profonds m’émut et me réjouit.
Ce fut alors la première fois que j’aperçus dans son visage, insouciant en apparence, une expression particulière, claire et douce avec une nuance de tristesse tout au fond.
« Il ne faut pas et on ne doit pas s’ennuyer, dit-il encore. Vous avez la musique que vous comprenez, les livres et l’étude. Vous avez toute une vie devant vous, à laquelle il y a juste le temps de se préparer, afin de ne pas avoir à le regretter plus tard. Le temps s’envole, et dans un an il sera déjà trop tard peut-être… »
Maria est demeurée tout l’automne et tout l’hiver sans revoir Serge, mais elle ne s’ennuie plus, absorbée qu’elle est maintenant par un sentiment que nous allons voir se développer.
Le printemps arriva. Mon ennui se changea en rêverie tendre, pleine de désirs et d’espoir. Je n’étais plus désœuvrée, je m’occupais de Sonia, de musique,