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autour de la maison. Le chien aboie, c’est pour dire au maître : « Prends garde. » Le coq chante, c’est pour dire : « Lève-toi. » Le chat se débarbouille, c’est pour dire : « Un hôte va venir, prépare-toi à le bien recevoir. »

Pétrouchka était un lettré. Il savait par cœur presque toute la chrestomathie de Paulson, le seul livre qu’il connût d’ailleurs, et il se plaisait, surtout quand il avait bu un tant soit peu, comme en ce jour de fête, à citer de ce manuel les passages qu’il jugeait appropriés aux circonstances…

La famille chez laquelle s’était arrêté Vassili Andréitch était une des plus aisées de l’endroit. Elle cultivait cinq lots de terrain et en louait plusieurs autres. Elle possédait dix chevaux, trois vaches, deux veaux et vingt moutons. Elle était composée, outre le père et la mère, de quatre fils mariés, dix petits-fils, dont Pétrouchka seul était marié, cinq arrière-petits-fils dont trois orphelins, et quatre brus veuves avec leurs enfants. C’était une des rares familles qui ne s’étaient pas encore partagé la terre.

Deux fils travaillaient à Moscou comme porteurs d’eau, un autre était au service. Il y avait en ce moment à la maison le vieux, la vieille, le fils-maître, un fils venu de Moscou à l’occasion de la fête, et toutes les femmes avec tous les enfants. Il s’y trouvait aussi le staroste leur voisin.

La lampe suspendue au milieu de l’isba éclairait vivement sur la table les verres à thé, une bouteille de vodka et la collation, et tout autour les briques rouges des murs et les icones dans leur coin d’honneur.

Vassili Andréitch, débarrassé de sa première pelisse,