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interrompu sur l’exclamation qui constitue le dénouement réel de la nouvelle et qui résume sous une forme saisissante le sens philosophique et moral de celle-ci.


I


Vassili Andréitch suivit le vieillard dans l’isba ; Nikita avec le traîneau pénétra dans la cour, dont Pétrouchka venait de lui ouvrir la porte, et se dirigea vers le hangar, où on lui offrait d’abriter son cheval. Le sol de ce hangar était couvert, pour plus de chaleur, d’une épaisse couche de paille, aussi la douga[1], qui du reste était assez haute, heurta-t-elle une poutre de la charpente. Aussitôt le coq et les poules, qui perchaient sur la poutre, gloussèrent, indignés qu’on les secouât ainsi de leur sommeil. Les moutons, effarés, se pressèrent dans le coin le plus reculé. Un jeune chien hurla éperdu.

Nikita adressa à la société quelques mots aimables, s’excusant à l’égard des poules et promettant de ne plus les déranger, reprochant doucement aux moutons leur frayeur peu raisonnable, et s’expliquant avec le chien tout en attachant Moukhorty.

« Voyons, cesse donc, petit niais. Nous ne sommes pas des voleurs, et tu te fatigues pour rien.

— Ça me fait penser aux trois conseillers, dit Pétrouchka.

— Quels conseillers ? demanda Nikita, qui maintenant secouait la neige dont il était couvert.

— Mais c’est imprimé dans Paulson. Un voleur rôde

  1. Arc de bois qui relie les brancards en passant par-dessus la tête du cheval.