Bon ! pleurs de fiancé et brouillard du matin
Ne durent pas.
Max, sorti par ce temps affreux !…
Que cette nuit la pluie et la tempête
Semblaient faire écrouler les murs sur notre tête.
Et quel rêve j’ai fait !
Oh ! raconte-le-moi ; je crois à son effet,
Car dans ce jour c’est le présage
Du destin de ton mariage.
Il me semblait changé en ramier blanc,
De rameaux en rameaux voltiger en tremblant :
Soudain on met en joue, et la frayeur me glace…
Il tombe… le ramier disparaît… à sa place
Un grand aigle noir roule à mes pieds tout sanglant.
Fort bien !
Que dis-tu donc !
L’aigle est ton présent d’hyménée !
Le ramier blanc, c’est toi, parée ainsi,
T’élançant au bonheur. — Tu vois : je sais aussi
Bien expliquer les songes.
Ton amitié pour moi cherche de vains mensonges.
Ah ! que lui dire ?
La preuve, c’est l’histoire que voici.
Un soir, défunte ma grand’tante
Voyait en songe un revenant.
Ah ! quelle fut son épouvante !
Elle pâlit. — Incontinent,
Un monstre affreux,
La flamme aux yeux,
Agite une chaîne
Et se traîne
Vers elle à grands pas. —
Je vois ma grand’tante,
Muette et tremblante,
Alors priant tout bas,
Et puis criant, hélas !
Vite, elle appelle, au nom de l’ange son gardien !
À l’instant chacun vient,
Et que voit-on là ? rien.
Car le monstre était… Qui ? Néron, notre gros chien !
Quoi ! m’en veux-tu ? mais comment faire
Pour te distraire
Allons, ici !
Plus de souci !
La tristesse
Qui t’oppresse
Qu’elle cesse
Désormais !
Que la crainte
Soit éteinte
Pour jamais !
Jeune épouse, sois contente,
Que la grâce si touchante
Nous enivre et nous enchante.
Charme-nous
Par des regards plus doux.
Quand on est jolie,
Rêver est folie.
Envisage un doux espoir ;
Des rayons purs de l’aurore,
Déjà l’ombre se colore ;
Tout présage pour ce soir
Un ciel moins noir,
Dans l’avenir qui se fait voir,
Se révèle un doux espoir.
« Je rends grâce aux efforts de ta gaîté si bonne
Il faut ouvrir ce coffre où l’on mit ta couronne,
Car voici les filles d’honneur.
Scène III.
en habits de fête et portant des fleurs.
Salut ! belles enfants ! Pour lui porter bonheur,
Célébrons la beauté que l’amour environne.
Acceptez ces bouquets que l’amitié vous donne.
Nos mains tressaient pour vous ces fleurs.
Prenez ce frais hommage !
De tous nos vœux, dans ces couleurs,
Voyez l’heureuse image.
D’un époux
Comblez enfin l’espoir si doux.
Et qu’à la plus belle
L’amour soit fidèle
Le myrte vert, le blanc jasmin
Composent la couronne,
Et pour bénir ce tendre hymen
Chacun vous environne.