L’un soupire, l’autre rêve :
L’un commence un mot d’hymen.
L’autre achève :
Puis soudain,
On se prend la main,
Ce moment tous deux nous lie…
Venez voir mon fiancé !
Il est si beau, je suis jolie,
Notre joie a commencé,
Qu’on s’empresse !
Quelle ivresse !
La tendresse,
Le bonheur
Remplit mon cœur.
de fiancée.)
« Oh ! les nœuds charmants ! à merveille,
Quand je me marîrai, je veux être pareille.
Puisses-tu ce jour-là, du moins,
Ignorer les soucis dont tes yeux sont témoins.
Voyons, raconte-moi la fin de ta visite
Chez notre bon ermite ;
Il t’a donné ces roses blanches ?
Oui,
Et sa main les a consacrées ;
Mais un astre fatal sur moi, dit-il, a lui.
Des visions, par le ciel inspirées,
Lui font voir mes périls ; peut-être le portrait
M’eût tuée en tombant sans quelque vœu secret.
Bien expliqué ! Jadis mon père,
Vaillant soldat, disait que pour briser la loi
Du destin, un moyen efficace et prospère
Consistait dans ces mots : « Ça, coquin, défends-toi ! »
Que ces fleurs ont de prix !
Pour les conserver mieux, qu’elles soient arrosées.
À ton gré, chère Annette.
Et Max qui tarde encor !
Allons, retirons-nous, c’est l’heure
De la prière sainte et des beaux rêves d’or.
Jusqu’au retour de Max en ces lieux je demeure.
À ton aise… bonsoir ! car dans son doux essor
Le sommeil caressant de son aile m’effleure ! »
Scène II
Sans le revoir encor, faut-il fermer mes yeux ?
Ah ! quel tourment se mêle à mon amour pieux !
par un beau clair de lune.)
La lune au front mystérieux
Rayonne aux cieux.
Adagio.
Ma prière, prends des ailes
Vers les sphères éternelles !
Ô phalanges immortelles,
Élevez ma voix
Au Roi des rois !
Quel beau ciel et que d’étoiles
Dans les voûtes de l’azur !
Mais quoi ! sous de sombres voiles,
L’horizon devient obscur !
Quels nuages
En chemin !
Que d’orages
Pour demain !
Adagio.
Des archanges, reine sainte,
Garde-moi, bannis ma crainte !
Daigne entendre une humble plainte ;
Bénis en ce jour
Mon chaste amour.
Adagio.
Tout s’endort dans le silence,
Bien-aimé, viens donc enfin !
Mon cœur, hélas ! écoute en vain…
Mon oreille entend au loin
Le bruit seul du noir sapin
Que le vent des nuits balance.
Du rossignol la voix s’élance
Dans l’écho du bois lointain. !
Ô ciel ! n’est-ce pas un rêve ?…
Quelqu’un s’avance !… Ah ! quel espoir s’élève.
On vient à moi ? C’est lui ! c’est lui !
Mon cœur en a tressailli !
(Elle va vers la fenêtre et agite son mouchoir.)
Signal fidèle,
Conduis ses pas ;
J’appelle ;
Il ne me voit pas.
Dieu ! dans la nuit brillante et pure
Je vois de fleurs son front orné ;
Le prix du tir, l’a-t-il gagné ?
Pour lui, demain, heureux augure !
Espoir divin !
Renais enfin !
Ah ! quel bonheur suprême !
Tout mon être vole à toi ;
C’est le ciel ouvert pour moi !
Le voilà, celui que j’aime ;
Sa victoire, son retour
Couronnent mon amour.
Que la crainte enfin s’efface,
Douce ivresse, jour heureux