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FREYSCHÜTZ

Une noble indifférence
Est le gage du succès.

max

Ô ciel ! si tu m’exauçais !
Un esprit malin m’enchaîne ;
Son pouvoir est le plus fort.

le chœur

Espère dans ton sort.

max

Dans ma perte trop prochaine
Je vois l’horreur de mon sort ;
Pour mon cœur en peine.
Hélas ! mieux vaut la mort.

kouno

Si du ciel la loi t’enchaîne,
Fièrement subis ton sort.

gaspard

La fortune avec transport
Couronnera ton noble effort.
Le courage est le plus fort,
S’il se rit des coups du sort.

le chœur

Il succombe, vain effort !
Non, il ne peut fléchir le sort.

kouno

Mon fils, l’espoir en Dieu conduit au port.

(Aux Chasseurs.)

Allons, demain que la chasse
Éveille l’écho des grands bois.

le chœur

Que l’aigle planant dans l’espace
Demain succombe, s’il passe,
Et tremble le cerf aux abois !

chœur (villageois et chasseurs), kouno

Sonnez, cor joyeux dans la plaine !
Sonnez, la victoire est certaine.
Chasseurs, vive la chasse et l’amour.
Amis, au déclin d’un beau jour,
Ensemble chantons à voix pleine :
Fêtons tour à tour
La chasse et l’amour.

(Kouno et sa suite sortent.)



Scène III

Les Mêmes, moins KOUNO et quelques Chasseurs


kilian

Monsieur Kouno, c’est un brave homme.

(À Max en lui tendant la main.)

Monsieur Kouno, c’est un brave homme.Sans rancune !
Soyons amis, et meilleure fortune !
En attendant, viens danser.

max

En attendant, viens danser.Moi, danser !

kilian

Eh bien ! sans toi le bal va commencer,
Avec moi qui veut bien valser ?

Quelques jeunes filles s’avancent ; Kilian en choisit une et valse ; les autres le suivent, — Les groupes font le tour du théâtre et disparaissent successivement au fond. — Max reste seul. — Le jour commence à baisser.)



Scène IV

MAX, puis par intervalles SAMIEL


AIR et SCÈNE


Ah ! trop longtemps de mes souffrances
J’ai dû subir l’horrible loi !
Dieu, qui brisez mes espérances.
Votre anathème est donc sur moi !…

(Moderato.)

Frais vallons, bois, voûtes sombres,
Solitudes que j’aimais,
Je n’emporte sous vos ombres
Que des larmes pour jamais ?
Ah ! jadis avec tendresse
Deux beaux yeux brillants d’espoir
M’accueillaient gaîment le soir,
Et le prix de mon adresse,
Belle Agathe, oui, c’était de te revoir.

(Samiel, sortant du taillis, s’avance d’un pas au fond du théâtre.)

Eh quoi ! le ciel dans sa colère
A-t-il voulu m’abandonner ?
Hasard fatal ou tutélaire,
À toi mon sort va se donner.

(Samuel disparaît)

(Andante.)

Dans la nuit triste et déserte,
Devinant au loin mes pas,
Près de sa fenêtre ouverte
Elle écoute et n’entend pas ;
Le bruit seul du vent qui pleura
Lui fait croire que je viens.
Elle appelle, voici l’heure,
Ses soupirs cherchent les miens.

(La nuit augmente.)

(Allegro.)

Un noir démon de moi s’empare

(Samiel s’avance à grands pas du fond du théâtre ; il va lentement et regarde fixement devant lui.)

Ô sort barbare !
Ô revers !
Je sens les chaînes des enfers !
Partout la nuit profonde,
La foudre gronde,
Ah ! grand Dieu ! sauve-moi !

(Samiel disparaît avec un mouvement convulsif.)

Tout m’abandonne… jour d’effroi !
Satan m’enchaîne sous sa loi !
Au désespoir je succombe.
Et c’est ma tombe
Que je voi !


Scène V

MAX, GASPARD, se glissant, SAMIEL, en grande partie invisible, une Servante d’auberge.


RECITATIF


gaspard, aussitôt que Max l’aperçoit.

« Encore là, camarade ? ah ! tant mieux !