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que soir il allait de coulisse en coulisse, de loge en loge. Ces lieux si dangereux étaient tout pour lui, il n’en desemparait plus.

Cependant ma mère demeurait chez elle ; elle me prodiguait ses soins. C’était dans le temps où l’Émile de Jean-Jacques Rousseau produisait comme une sorte de révolution dans les esprits et surtout dans le cœur des mères.

Ma mère m’élevait en véritable Émile. Elle m’allaitait, me lavait, me laissait libre de toute entrave, et s’applaudissait de son zèle et de ses soins en me voyant faire chaque jour des progrès très-marqués et très-heureux.

Alors aussi, mon père refaisait sa tragédie. Il obtenait, de la part des comédiens, de dangereux encouragemens. Chaque jour il invitait ces messieurs et ces dames ; il leur donnait de beaux repas ; et, pendant le dessert, il