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L’AMOUR ET LA PEUR,

ou
BIEN DES PEINES POUR RIEN.
nouvelle.[1]

Il y avait à Pistoie, dans la Toscane, une jeune veuve extrêmement belle et renommée par sa sagesse. Deux Florentins, bannis de leur patrie et retirés dans cette ville, devinrent en même temps amoureux de la belle veuve, et cherchèrent, chacun de son côté, à s’en faire aimer. L’un se nommait Rinucio ; l’autre, Alexandre ; la dame s’appelait Francesca.

Ces deux amans employèrent en secret, et à l’insu l’un de l’autre, tous les moyens imaginables pour toucher le cœur de leur

  1. Tirée librement de Bocacc, neuvième journée du Décaméron.