III
PREMIÈRE PÊCHE
Nous voici en route pour le Banc. Je m’attends à tout : les représentations qui me trottent par la tête, à la suite des pronostics de mes compagnons, n’ont rien de gai. Et ce n’est que la première pêche ! Il faudra encore revenir à Saint-Pierre renouveler les provisions pour une seconde pêche et y revenir encore après pour prendre des passagers — car tel est le rôle attribué à l’Élisabeth, en l’an de grâce où j’y suis — avant de reprendre cette route du Banc que nous suivons et qui est aussi celle de France. Ah ! le verrai-je, ce jour où l’on fera voile pour Granville ! Qu’il me paraît donc loin ! Je crois que je ne l’atteindrai jamais.
Après deux jours de marche j’entends dire que nous arrivons ; Les lignes de fond ont été « boittées » dès le matin. On sonde fréquemment ; on recherche les fonds où la morue se complaît ; et lorsque le capitaine croit en avoir trouvé un convenable, il donne l’ordre de laisser tomber l’ancre. Cette opération est assez