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tre, légèrement à la vérité, et parvint à s’échapper sans la moindre égratignure. Nous touchions au jour marqué par Trimalchion, jour où, dans un souper splendide, il devait affranchir un grand nombre d’esclaves. Mais, écharpés comme nous l’étions, nous trouvâmes plus à propos de fuir que de rester tranquilles en ce lieu. Rentrant donc au plus tôt à l’auberge, nous nous mîmes au lit, et nous pansâmes avec du vin et de l’huile nos blessures, heureusement peu profondes. Cependant, nous avions laissé un de nos ravisseurs sur le carreau ; la crainte d’être reconnus nous donnait de mortelles inquiétudes. Tandis que, tout pensifs, nous rêvions aux moyens de conjurer l’orage, un valet d’Agamemnon vint interrompre nos tristes réflexions : — Eh bien ! nous dit-il, ignorez-vous chez qui l’on dîne aujourd’hui ? c’est chez Trimalchion[1], chez cet homme opulent dont la salle à manger est ornée d’une horloge près de laquelle un esclave, la trompette à la main, l’avertit de la fuite du temps et de la vie. — Aussitôt, oubliant tous nos maux passés, nous nous habillons à la hâte ; et Giton, qui jusqu’alors avait bien voulu nous servir de valet, reçoit l’ordre de nous suivre au bain.


CHAPITRE XXVII.

Dès que nous fûmes sortis, nous commençâmes à rôder de tous côtés, ou plutôt à folâtrer. Des joueurs étaient réunis en cercle : nous nous en approchons, et le premier objet qui frappe