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dant l’incommode vapeur prend mon gaillard à la gorge ; il respire à peine, il suffoque, et, par l’effet naturel de cette substance pénétrante, il éternue à chaque instant. Le mari, qui entend éternuer du coté de sa femme, car le son partait de derrière elle, la salue du souhait d’usage en pareil cas, et le répète, et le réitère à chaque éternuement ; tant qu’enfin cette fréquence insolite l’étonne ; il se doute de l’affaire. Repoussant aussitôt la table, il renverse la cage, et en tire le galant presque asphyxié. Son courroux s’enflamme à cette vue. Il demande à grands cris une épée, pour achever le traître. J’eus grand-peine à le contenir, en lui représentant à quel danger il nous exposait tous deux. La violence était d’ailleurs superflue ; infailliblement son homme allait périr, suffoqué par le soufre. La peur plus que mes raisons l’ont fait rentrer en lui-même, et il est allé déposer le moribond au premier coin de rue. J’ai alors insinué à sa femme, et j’ai fini par la persuader de quitter momentanément la boutique, et d’aller chez quelque amie attendre que la fureur du mari ait eu le temps de s’apaiser. Celui-ci était dans un transport de rage à faire trembler pour sa femme ou pour lui-même. Cette scène m’a ôté l’appétit. J’ai laissé le souper de mon hôte et regagné le logis.

À ce récit du boulanger, sa femme, passée maîtresse en fait d’impudence et d’effronterie, se répandait en exécrations contre sa voisine, la traita de déloyale, d’infâme, d’opprobre du sexe entier. Sacrifier ainsi son honneur ! Fouler aux pieds la foi jurée ! faire du toit conjugal un repaire de vice ! changer son noble nom de mère de famille pour celui de vile prostituée ! Oui, ajoutait-elle, on devrait brûler vives de pareilles créatures. Inquiète cependant, et la conscience bourrelée, impatiente d’ailleurs de tirer de gêne son complice, elle engage son mari à aller se coucher de bonne heure ; mais lui, qui s’était sauvé de cet esclandre l’estomac vide, insistait gaiement pour avoir à souper. On se dépêche donc de servir, tout en rechignant et pour cause ; ce n’était pas pour lui que la table était mise. Quant à moi, le cœur me saignait de voir la conduite de cette femme et son impudence ; et je me demandais comment venir en aide à mon maître pour démasquer sa perfide moitié ; s’il n’y avait pas moyen d’écarter le van, et mettre à découvert l’enfant caché sous cette tortue de nouvelle fabrique. La Providence enfin daigna seconder ma fidèle sollicitude. C’était l’heure de faire boire les bêtes de l’écurie. Un vieux boiteux qui en avait la charge vint nous prendre pour nous mener pêle-mêle à l’abreuvoir voisin. Ce fut pour moi l’occasion d’une vengeance tant désirée. En longeant la cachette, j’aperçus le bout des pieds du galant qui passait dessous : j’y appuyai mon sabot en travers, et les lui aplatis sans miséricorde, tant et si bien qu’il ne put retenir un cri douloureux. Il culbute alors le van, se montre aux yeux profanes, et voilà l’infamie de la dame au grand jour.