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1 1 309- Ayant écouté ces paroles (car la vérité ne doit trouver en nous qu'une foi parfaite et non aucune résistance), je vis toute notre gloire fondre au soleil comme la neige. Et je vis le Temps rapporter un tel butin de vos grands noms que je les regardai comme rien, bien que le monde ne sache pas cela et n'y croie pas. Race aveugle qui, sans cesse, se joue au souffle du vent et qui ne se nourrit que de faux jugements, estimant meil- leur de mourir vieux qu'au berceau. Combien sont heureux ceux qui moururent dans leurs langes! Combien malheureux ceux qui parvinrent à la dernière vieillesse! Quelqu'un a dit : Bienheureux celui qui n'est pas né! Mais, qu'après une longue vie, votre nom soit proclamé par une foule habituée à faire de grandes erreurs, qu'est cela, après tout, pour celui qui s'apprécie ? Le Temps avare sait si bien vaincre et faire valoir ses droits, qu'il l'emporte sur la Renommée, et, contre cette seconde mort, il n'y a pas plus de rempart que contre la première. Ainsi le temps triomphe des grands noms et du monde.