Page:Pétrarque - Poésies, 1842, trad. Gramont.djvu/274

Cette page n’a pas encore été corrigée

251 infime. Méduse et mon erreur ont fait de moi un rocher distillant une onde vaine; Vierge; viens combler de larmes saintes et pieuses mon cœur épuisé: que du moins ces derniers pleurs soient produits par la dévotion et purs de terrestre limon, si les premiers n'ont été pleins que de folie. - - Vierge secourable et ennemie de l'orgueil, laisse-toi toucher par l'amour de notre créateur commun ; prends pitié d'un cœur humble et contrit; car, si je sus aimer avec une si admirable fidélité un peu de poussière péris- sable, que ne ferai-je pas pour toi, ô noble créature ? Si par tes mains je me relève de la condition profondément abjecte et misérable où je suis réduit, Vierge, je consacre à ton nom mes pensers, mon génie, ma plume purifiés, ainsi que ma langue, mon cœur, mes larmes et mes sou- pirs. Guide-moi vers un chemin meilleur, et sois propice à mes désirs désabusés. Le jour s'approche et ne peut être loin; si rapide est l'essor du temps qui s'enfuit, ô Vierge unique et seule ; et mon cœur est aiguillonné, tantôt par la conscience, et tantôt par la mort. Recommande-moi à ton Fils, vrai homme et vrai Dieu, afin qu'à mon dernier soupir il me reçoive dans sa paix. Digitized by Google