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— 127 — SONNET CXLVI. RÉPONSE AUNSONNETDEGERIGIANFIGLIACCI. Geri, lorsque parfois s’irrite contre moi ma douce ennemiequi est d’une fierté si haute, un seul secours m’est accordépour m’empêcher de périr, et par sa vertu faire respirermon âme. Versquelque endroit que, dans son courroux, elle tourne sesyeux, espérant priver ma vie de lumière, je lui montre les miens remplis d’une humilité si vraie, que tout son ressentimentdoit expirer. Sans cela, je ne pourrais pas m’exposer à la voir, sinon comme le visage de Méduse qui changeait les gens en marbre. Fais donc ainsi toi-même ; car je vois tout autre secours retranché, et la fuite est inutile devant les ailes qu’emploienotre seigneur. SONNET CXLVII. ENNAVIGUANT SURLEPÔ. Pô, tu peux bien entraîner l’écorce de mon être sur tes ondes puissantes et rapides ; mais l’esprit qui se cache au dedans ne se soucie ni de ta force ni d’aucune autre. Sanslouvoyer de tribord à, babord, mais porté sur les brisespropices à son désir, il vole à tire d’aile droit vers le feuillagedoré, et triomphe ainsi des flots et du vent, de la voileet des rames. Fleuvealtier et superbe, de tous les autres roi, quand, d’un cours opposé au Soleil, alors qu’il nous emmène le jour et laisse à l’Occident une plus belle lumière, Tu t’en vas emportant sur ta corne ce qui est mortel en moi, l’autre partie, couverte d’amoureuses plumes, s’en retourne en volant vers son doux séjour.