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salles. Ce bavardage des dialecticiens n’aura jamais de fin ; il fourmille de ces sortes de définitions sommaires et se glorifie de prêter matière à des disputes éternelles. Mais, généralement, ils ignorent ce dont ils parlent. Aussi, si l’on demande à quelqu’un de cette bande la définition non seulement de l’homme, mais d’autre chose, il a une réponse toute prête ; si l’on va plus loin, il restera coi, ou bien, si à force de discuter il a acquis de la faconde et de la hardiesse, le ton du personnage montrera qu’il ne possède point une connaissance vraie de la chose qu’il définit. Contre cette engeance si fastidieusement négligente et si inutilement curieuse il est bon d’invectiver. « Pourquoi travailler toujours en vain, malheureux, et exercer votre esprit sur de frivoles subtilités ? Pourquoi, oubliant le fond des choses, vieillir parmi les mots, et avec des cheveux blancs et un front chargé de rides, vous occuper d’enfantillages ? Plût à Dieu que votre folie ne nuisît qu’à vous-mêmes, et qu’elle ne gâtât point les plus nobles intelligences de la jeunesse ! »

S. Augustin. Contre cette peste des études j’avoue que l’on ne peut rien dire d’assez mordant. Toutefois, dans la chaleur du discours, tu n’as pas achevé la définition de l’homme.

Pétrarque. Je croyais m’être expliqué suffisamment, mais je vais être plus explicite : l’homme est un animal ou plutôt le roi de tous les animaux. Il n’est point de pâtre si grossier qui ne le sache, il n’est point non