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eut pour lui un vif attrait. Il rêva toute sa vie la transformation de la patrie italienne, et pour y parvenir, il ne trouva rien de mieux que de proposer en exemple les hommes illustres qui avaient porté si haut le nom romain. L’étude la plus complète qu’il nous ait laissée est la Vie de Jules César. Dans ses traités philosophiques, reflet de la doctrine de Cicéron et des Pères de l’Église, il emploie généralement la forme du dialogue, assaisonné d’une légère pointe d’ironie socratique.

Mais de toutes les œuvres latines de Pétrarque, celle qui intéresse le plus la postérité, c’est sans contredit sa correspondance, où il a versé le meilleur de lui-même sur les personnes et les choses de son temps. « Elle devint le lien magique qui, pour la première fois, unissait toute la république littéraire européenne[1]. » C’est un vaste panorama où défilent tour à tour papes, empereurs, rois, cardinaux, princes, prélats, chevaliers, savants, moines et autres. Elle exerça sur ses contemporains une telle influence qu’on pourrait, avec raison, surnommer le XIVe siècle, le siècle de Pétrarque. De plus, sa correspondance est le pendant obligé de Mon Secret ; si dans l’un il a voulu se peindre, dans l’autre il s’est peint sans le vouloir.

Le texte de Mon Secret, ainsi que celui de la plupart des œuvres latines de Pétrarque, est outrageusement altéré dans toutes les éditions. Nous avons dû, avant de traduire, rétablir scrupuleusement le texte d’après les trois manuscrits de la bibliothèque Natio-

  1. De Sismondi, Littératures du Mii de l’Europe, t. I, p. 401.