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être quelque chose de plus important ; mais à coup sûr il n’y a rien de plus utile, rien à quoi on puisse songer plus fructueusement. Car les autres pensées peuvent être superflues, mais la fin inévitable prouve que celles-ci sont toujours nécessaires.

Pétrarque. Je l’avoue et je ne retourne maintenant avec tant d’empressement à ces occupations que pour revenir aux autres une fois que celles-là seront terminées. Je n’ignore pas, comme vous le disiez tout à l’heure, qu’il serait beaucoup plus sûr pour moi de ne m’occuper que du soin de mon âme, et de laisser de côté les chemins détournés pour suivre le droit sentier du soleil, mais je ne puis réprimer mon envie.

S. Augustin. Nous retombons dans notre ancienne discussion. Tu traites la volonté d’impuissance ; eh bien ! soit, puisqu’il ne peut en être autrement. Je supplie Dieu qu’il t’accompagne et qu’il fasse parvenir en lieu sûr tes pas errants.

Pétrarque. Plaise au ciel que vos vœux se réalisent, afin que, guidé par Dieu, je sorte sain et sauf de tant de détours ; qu’en suivant la voix qui m’appelle, je ne soulève point la poussière devant mes yeux ; que l’agitation de mon âme se calme, que le monde se taise et que la fortune ne me trouble pas !

FIN