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lement, Dieu te viendra en aide, comme je l’espère, et le bras du Libérateur invincible te protégera. Mais, quoique j’en aie dit, sur une seule maladie, trop peu pour tes besoins et beaucoup trop pour la brièveté du temps, passons à autre chose. Il reste un dernier mal dont je veux essayer maintenant de te guérir.

Pétrarque. Faites, père très indulgent, car, quoique je ne sois pas encore complètement délivré, j’éprouve néanmoins un grand soulagement.

S. Augustin. Tu ambitionnes trop la gloire humaine et l’immortalité de ton nom.

Pétrarque. Je l’avoue franchement, et je ne puis réprimer cette passion par aucun remède.

S. Augustin. Mais il est fort à craindre que cette vaine immortalité trop désirée ne te ferme la route de la véritable immortalité.

Pétrarque. C’est aussi une de mes craintes ; mais j’attends que vous m’indiquiez les moyens de m’en préserver, vous qui m’avez fourni des remèdes pour de plus grandes maladies.

S. Augustin. Sache que tu n’as certainement pas de plus grande maladie que celle-là, quoique tu en aies peut-être de plus vilaines. Mais, dis-moi, quelle est, selon toi, cette gloire que tu ambitionnes si ardemment ?

Pétrarque. Est-ce une définition que vous voulez ? Mais qui connaît la gloire mieux que vous ?

S. Augustin. Le nom de la gloire t’est